Je vous parle d’un temps (X) que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître, le X en ce temps là, accrochait les gambettes de ses actrices jusque sous nos mirettes ...
Je vous parle d’un temps où les hardeurs étaient d’honnêtes besogneux, la quéquette à la main mon cousin, flirtant avec des croupes naturelles et callipyges, avec des tabliers de forgerons généreux et luxuriants comme de profondes forêts tropicales. Dans un monde épargné par le danger du sida, les années 70 étaient un festin érotique, un buffet à volonté de la baise où on limait tranquille, décontracté du gland et de la fouff’, pour le plaisir voyeur de nombreux spectateurs qui s’agglutinaient dans les cinémas de quartier diffusant des films pornos à tire-larigot.
Une époque bénie pour le cul, où les films X étaient autorisés. Il y avait plus de films X que de films normaux. Les films étaient de qualité, la production française avait de la gueule, des films en 35 mm avec des scénarios et des dialogues, pas des gonzos d’aujourd’hui filmés en DV avec des râles plaintifs d’actrices DPisées et des répliques salaces d’acteurs décervelés.
Les années dorées du porno à la papa étaient peuplées de figures, de clichés et de stéréotypes : la maison de notaire, la soubrette vicieuse, le domestique débonnaire, le chauffeur à la conduite sportive, surtout quand ses mains gantées de cuir caressaient, non pas le volant, mais les cuisses résillées d’une Marilyn Jess ou d’un Brigitte Lahaye, belles au dargeot collé à la tôle glacée d’une Rolls-Royce à l’arrêt dans l’allée d’une demeure de maître.
Les héros de l’époque se prénommaient Alban Ceray, Jean-Pierre Armand, Richard Allan, Piotr Stanislas, plus connus sous le surnom des "Quatre mousquetaires du X".
C’étaient des «Messieurs Tout Le Monde», pas des gravures de mode, pas des bêtes de foires aux sexes surdimensionnés. Ils baisaient tranquille, la gourmette et la chevalière bien en évidence, ils avaient le prose poilu, il ne se rasaient pas les boules, ils limaient utile, la main posée sur la croupe de la coquine qui s’appelait Claudine ou Cathy.
Ils donnaient des surnoms aux copains de travail, «La Chignole», «Queue de béton», «L’Elégant», ils étaient du milieu et vivaient en marge d’un société pompidolienne qui s’évertuait à créer des ligues anti-porno pendant que eux faisaient reluire les soubrettes et les bourgeoises dans des films aux titres aussi évocateurs que :
« Je suis à prendre », « le sexe qui parle », « Les suceuses », « La grande mouille », « Lèvres gloutonnes », « Déculottez-vous mesdemoiselles », « Charlotte, mouille sa culotte », « Le majordome est bien monté » …
A tout seigneur, tout honneur, commençons notre panégyrique par le seul acteur du X français dont le prénom suffit à déclencher louanges et maximum respect, permettez moi de vous présenter Alban.
Alban Ceray est de l’avis de tous les fans l’acteur emblématique du cinéma X français. Physiquement le « Alban » est une sorte de mélange entre Pierre Arditi et Bernard Pivot jeune, cheveux poivre et sel, carrure de Français moyen, portant une moquette pectorale de bon aloi, une chevalière au petit doigt, il a des poils aux fesses et est équipé d’un calibre classique loin des Monsters of Cocks Ricains. Le brushing à la Maniatis vient souligner une élégance très parisienne. La gourmette portée au poignet de la main droite résonne tranquillement lors des coups de boutoirs prodigués par le queutard hexagonal.
Tantôt maître d’hôtel, tantôt châtelain, Alban personnifie l’homme viril mais correct, qui baise en douceur, loin des postures sadomaso dont l’illustre Rocco se fera le chantre quelques années plus tard. Laissant à son comparse Jean-Pierre Armand le soin de démonter de la poule à coup de marteau-pilon, Alban joue dans la cour des grands seigneurs du sexe, il pratique la chignole tranquille, la lime efficace. Il aura accroché à son tableau de chasse les plus belles actrices de l’époque, Brigitte Lahaye, Seka, Olinka et autres Marilyn Jess. Reconverti taulier d’un club échangiste très en vue fut un temps (le Clos Palissy – Paris 6), Alban est resté le Grand Monsieur, l’Acteur Porno à la sauce française.Richard Lemieuvre, plus connu sous le patronyme de Richard Allan, jouit dans le cinéma X du doux surnom de « Queue de béton ». Pourvu d’un beau gourdin, Richard, reconverti dans la chocolaterie érotique, personnifiait le bon vivant, le jouisseur. Costaud mais pas trop, barbe et cheveux bien fournis, son rôle-phare restera sans doute celui d’un homme ayant d'immenses besoins sexuels qui "fabrique" tel un Frankenstein en herbe une "femme objet" pour assouvir ses besoins. Il réalise ainsi sous nos yeux le plus vil de nos fantasmes.
Jean-Pierre Armand personnifie, pour sa part, le beauf macho de l’époque. Tatoué à l’encre des taulards, plus bel athlète de France entre 1970 et 1973, acteur de péplum et de westernspaghetti, autoproclamé idole du X, Jean-Pierre va labourer les actrices des 70’s avec une belle réputation de bandeur fou au popaul insatiable. Il traînera son accent héraultais outre-Rhin et outre-Atlantique pour revenir culbuter de la jeunette française, quelques années plus tard. Tel un Colt Seaver de l’anal, JPA s’aventurera dans des chemins interdits et réalisera des cascades sodomites audacieuses pour l’époque. Il donne encore de sa personne dans de nombreux films amateurs et est devenu une icône des rappeurs actuels qui louent le côté macho du bonhomme.
L’Europe, au milieu des années 70, n’était encore qu’une limbe attendant des soleils prometteurs pour s’éveiller au grand monde. Néanmoins, le X était précurseur, qui accueillait un avant-goût du désormais célèbre plombier polonais en la personne de Piotr Stanislas. Sa souplesse légendaire lui permettait, vous me permettrez l’expression, de s’auto-sucer. Le bien membré polonais faisait des tours de magie avec son calibre et certains ont encore en mémoire une scène particulièrement improbable où Piotr, déguisé en curé pour échapper aux forces de police, prend place dans le compartiment voyageur d’un Orient Express du plaisir, puis, caché dans une couchette et alors que rien ne l’y oblige, se met à se pratiquer une bonne vieille auto-pipe des familles, démontrant qu’il est aussi habile avec son engin que son compatriote Zbigniew Boniek l’était avec son pied. Dans la scène suivante, Piotr butine sa camarade de couchette, pour finir par un tapissage séminal de la vitre dudit compartiment dans la plus pure tradition du Windows or Glasses Cumshots.
Tous ces acteurs illustres se retrouveront, en 2003, dans l’excellent « Les Tontons Tringleurs », sous la direction d’Alain Payet aka John Love (tradition française du trouvage de nom à l’américaine). Réunis pour la 1ère fois dans un seul film, les célèbres Mousquetaires de l'âge d'or du Cinéma Erotique Français feront l'explosive et ultime démonstration de leur art du savoir-faire jouir avant de passer le relais phallique à leurs très prometteurs neveux tringleurs.
Comme dans le cinéma traditionnel révélant des François Berléand et des Jean-Pierre Daroussin, le X révèle des seconds couteaux au riche talent comme le méconnu Dominique Aveline. Doté d’un physique somme toute assez quelconque, un frisé à moustache atteignant péniblement les 1m70 sous la toise, notre Dominique jouait les utilités, comprendre ici le maître d’hôtel ou le garçon de café dans les productions des 70’s, il lutinait sévère les actrices de second rôle comme lui, mais parfois il pouvait goûter aux charmes amènes d’une Brigitte Lahaye qui subissait les coups de boutoirs du sous-fifre. Il exerça son art dans des films comme « Les bas noirs » ou « Les ballets roses ».
Les quatre mousquetaires du X des années 70’s et leurs compagnons de travail transmettront épées et glaives aux gladiateurs du sexe des années 80, Christopher Clark, sa biroute coudée et son accent du Sud qui lui valait un doublage franco-français à chacun de ses films, Richard Lengin le bien nommé, Alain Deloin dont la troublante ressemblance avec l’inoubliable interprète de « Rocco et ses frères » s’arrêtait à partager une même couleur de cheveux et d’yeux, Alain Lyle, sorte de clone de Robin Williams tant au niveau de la ressemblance physique qu’ au niveau du sens de l’humour, sans oublier le légendaire Yves « Mushroom » Baillat, professeur à la faculté de Montpellier, infatigable laboureur sodomite muni d’un champignon magique entre les cuisses.
Se succéderont dans des temps plus proches, Titof, pas le comique marseillais fan de chips, mais l’acteur aux deux facettes (pile et face), un acteur généreusement membru, qui donne et sait recevoir, dont la particularité physique incongrue est d’être « mono-boule » de naissance !, Sébastian Barrio, ex-pompier reconverti dans l’éteindage de feux de foufounes, sorte de JPA des années 2000, tatoué et musclé de surcroît, Ian Scott (grand chibre mais jeu d’acteur famélique), Kevin Long (un pote de Robert Menaudiére, muni d’un double décimètre avantageux), Greg Centauro (ex Monsieur Clara Morgane) …
Malgré la relève, les mousquetaires de la Biroute des Années Folles restent à part dans l’histoire du Porno. Artisans de la culbute, ils ont emporté avec eux une certaine idée des films pour nous, une idée de liberté, de plaisir sain, sans arrière-pensées. Chapeau bas (de soie) à ces tringleurs de joie.
ShooShoo.
lundi 23 janvier 2012
Né sous X : Alban et ses fréres...
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